Montée de lait…en canne.

Bien que la médecine ait fait des avancées incroyables pour permettre aux femmes d’accoucher avec le moins de douleur possible, il est aujourd’hui de bon ton de dire, après les affres du romantique accouchement naturel : « Je n’ai pas pris d’épidurale! ». Et clap! Clap! Clap! Quelle championne, quelle VRAIE femme. Mais là n’est pas terminée la course vers le Graal de la maternité méritoire: il faut allaiter. De plus en plus d’hôpitaux se font les institutions de l’allaitement maternel à tout prix. Ils s’identifient sous le titre de « Amis des bébés ». Et gare à la maman diabolique qui prive son enfant des bienfaits du lait maternel. Son bébé risque de développer de multiples carences nutritives menant à des allergies alimentaires et des problèmes de développement. De plus, il risque d’avoir des problèmes avec son œdipe et alors là, bonjour les emmerdes. Car l’allaitement, c’est si doux, si relaxant. Une communion avec bébé sous le champs des oiseaux et de la flûte de pan.

Sauf que dans la vraie vie, le bébé ne rampe pas jusqu’au sein pour s’y accrocher et boire jusqu’à plus soif dès la naissance. L’allaitement ne va pas de soi, c’est un apprentissage difficile que doivent faire les parents et le petit. Et plus souvent qu’autrement, les premiers jours, et même les premiers mois, sont pénibles pour tout le monde. Et la culpabilité qui assaille la maman qui tente d’allaiter mais n’y arrive pas est ravageuse. Si elle a la chance d’être dans un hôpital « Ami des bébés », elle se fera alors manipuler les seins de toutes sortes de façon par les infirmières afin que le bébé ait la bonne prise. Celles-ci insisteront et jamais ne sera mentionné le fait qu’il est possible de ne pas allaiter. Et de retour chez elle, cette maman se retrouvera avec son enfant qui est accroché à son sein 1 heure aux 45 minutes et ne semble jamais rassasié. Elle sera épuisée, en douleur et l’enfant aussi (un témoignage intéressant à cet effet sur le blogue de Marie, famille de la terre).

Et pourtant, d’autres options existent. L’allaitement mixte et le lait en canne peuvent rendre l’expérience beaucoup plus agréable et rendre à la mère les prérogatives sur son corps. Une femme qui accouche ne devient pas seulement une productrice de lait au service de son enfant. Moi-même, quand j’aurai le bonheur d’avoir des enfants, j’aimerais pouvoir allaiter. Mais pas à tout prix, au détriment de mon bien-être et de celui de mon enfant. Comme le dit si bien ma collègue : à quand des hôpitaux «  Ami des mamans »?

Par Éliane

17 Comments

  • Helene
    4 novembre 2008

    Tu touches un point qui me semble super important Éliane. Pour l’avoir vécu il y a un peu plus de deux, c’est vrai que la campagne d’encouragement à l’allaitement est complètement moralisante et intrusive. Je penses que le corps médical en est largement responsable. On dirait que les idéologues de la santé ont beaucoup de difficulté à adopter des approches respectueuses et intelligentes des expériences individuelles.

    C’est également vrai que l’allaitement est un apprentissage difficile, long dans mon cas, douloureux dans d’autres. Le problème, c’est que les personnes qui apprennent cet art ancien sont généralement sans autre expérience de la chose que théorique, elles appliquent un modèle unique d’apprentissage et de réalisation et utilisent des méthodes très stressantes (chronomètre, quantités de lait mesurées, etc.). Durant les deux ou trois jours passés à l’hôpital après un premier accouchement, on peut rencontrer une quinzaine d’infirmières et de divers spécialistes qui donnent chacune des conseils, souvent contradictoires. Il faudrait un accompagnement plus simple, qui implique moins de techniciens, et davantage de femmes qui ont tout simplement l’expérience de l’allaitement. Ce sont celles-là qui donnent confiance et montrent que finalement c’est très avantageux pour les femmes qui choisissent cette méthode d’allaitement, car passée la période d’adaptation, c’est beaucoup plus simple d’allaiter son bébé que de devoir traîner et stériliser des bouteilles.

    Bien sûr les mères sont toujours en service lorsqu’elles allaitent et ça c’est un véritable problème de partage des tâches et des responsabilités liées à la nouvelle parentalité, mais je pense qu’il y a beaucoup d’aménagements possibles à condition qu’on cesse de croire qu’une femme qui est en congé de maternité et qui allaite ne travaille pas et donc que le papa est légitimé de dormir davantage la nuit parce que lui « travaille » le jour à l’extérieur de la maison. Les tâches nouvelles qui apparaissent à ce moment sont légion, mais il faut arriver à les décortiquer plutôt qu’à les faire découler de l’allaitement et du congé de maternité.

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  • Caroline P.
    4 novembre 2008

    C’est tout un sujet !!! L’allaitement !!! Je crois que malheureusement, la société ne fait pas de gris… tout est blanc ou tout est noir… Si on recule de quelques années, les femmes n’étaient pas encouragées à allaiter dans les hopitaux… Et maintenant, c’est tout le contraire, mais il faut respecter les mamans dans leurs choix… LE RESPECT !!! Il faut développer plus de réseau d’entraide, de support pour les nouvelles mamans… On se sent tellement impuissance quand c’est difficile l’allaitement. Parce que moi, qui est allaité mes deux enfants, je n’ai pas trouvé cela facile au premier, ni au deuxième… J’ai eu des bonnes oreilles et un support autour de moi, voilà le succès !!! Il existe plein d’organismes pour aider les mamans dans leur expérience d’allaitement. Et TOUT allaitement est bon, que ce soit 1 jour à l’hopital… 1 semaine… ou bien une année… allaitement mixte… avec tire-lait… il y a tellement de possibilité, mais la clé LE RESPECT !!!

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  • Isabelle N.
    4 novembre 2008

    Wow, Éliane, tu en as du courage! Tu t’attaques non seulement à un super-tabou, mais en plus, tu avoues que tu n’as pas encore eu d’enfants! Les prêtresses de l’allaitement comme « réalisation en tant que femme » vont te tomber dessus! Pourtant, tu as tellement raison…

    Comme le souligne Hélène, l’allaitement est un gros morceau du partage des tâches. Beaucoup de mes amies ont choisi de ne pas allaiter pour laisser l’autre parent prendre aussi sa place. Ça me semble un choix qu’on doit faire en couple, sans se laisser influencer par les crinquées (style Sophie Durocher ou Alexandrine Agostini) de ce monde.

    Allaiter, oui, SI TU VEUX et SI TU PEUX!

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  • locumax
    4 novembre 2008

    J’ai cru remarquer que ceux et celles qui faisaient l’éloge de l’allaitement sans nuances etaient toujours en moyen financier plutot favorable à la pratique. Et j’ai également cru remarquer que les femmes allaitent de moins en moins longtemps plus le nombre d’enfant dans la famille augmente. 🙂

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  • Marie-Noelle
    5 novembre 2008

    Wow merci les filles! Le sujet est passionnant. J’ai le goût de vous parler de mon expérience.

    J’ai allaitée mon fils 9 mois et j’allaite toujours ma fille de 10 mois (que j’ai d’ailleurs accouchée à la maison, en intimité avec mon chum – un récit ici http://www.mimosa.qc.ca/temoignages.html). Je ne cherche pas ici les félicitations ou les critiques. Je fais sûrement partie des « prêtresses de l’allaitement » ou encore une crinquée à la Alexandrine Agostini (une personne plus respectueuse que cette femme-là, j’en cherche encore): je ne sens pas Isabelle que tu me respectes quand tu utilises ces termes.

    L’allaitement comme l’accouchement n’est ni facile ni difficile en soit… chaque histoire est différente. Cela peut être merveilleux et difficile… les deux aussi.

    Moi, ce que j’essaie de faire,(et c’est ce que je pense que d’autres « prêtresses de l’allaitement » essaient aussi de faire) c’est ceci: produire un discours alternatif au discours dominant de la peur et de la culpabilité, diffuser l’information et ouvrir le champs des possibles. Deux mots reviennent: développer la confiance et le respect des femmes envers elles-mêmes et envers les autres femmes dans un système de santé qui le néglige.

    Mon allaitement, il est féministe! J’allaite partout, sans verser un sous à des multinationales. N’ouliez pas: si l’allaitement est une grande responsabilité pour la mère, le biberon ce n’est pas la liberté automatique… il reste à les préparer, les laver, les chauffer la nuit, etc. À chaque couple de décider… après qu’il soit informer.

    L’ennemi, c’est la culpabilité que l’on fait vivre aux femmes, qu’ELLES ALLAITENT OU NON.

    Respect!

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  • Isabelle N.
    5 novembre 2008

    Très vrai Locumax. En plus, il y a un tel phénomène de mode: ma belle-mère, qui a élevé 6 enfants dans les années 70, s’inscrivait dans un mouvement plus large de libération des femmes qui faisait la promotion du lait en poudre nouvellement inventé. Ces temps-ci, on se situe plutôt dans un courant « bio-végé-granol » qui fait la promotion du lait maternel plein de vitamines.

    Va savoir!

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  • locumax
    5 novembre 2008

    http://www.levif.be/sante-et-equilibre/72-86-16600/les-enfants-nourris-au-lait-maternel-sont-plus-intelligents.html

    Je vous invite a lire cet article qui pour moi est un scandale sur papier.

    Essayez après cela d’exercer votre libre arbitre quand viendra le temps d’allaiter ou pas.

    Avec des études comme celles-là, comment ne pas culpabiliser les mères, même celles qui allaitent, car tot ou tard elle le cessera. Trop tot? Encore un peu? En ai-je fait assez?

    Confiner la femme a un unique role de Mère n’est pas cela que ca induit à terme?

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  • escher
    5 novembre 2008

    Bonjour Éliane,

    permets-moi de t’offrir ce que j’appelerais une « critique constructive » de ton article.

    Il est certainement difficile de se prononcer sur le sujet de l’allaitement d’une façon neutre, non moralisante mais aussi rendant justice à l’état des connaissances scientifiques sur le sujet. Cependant ton article est clairement très, très biaisé, et tu ne sembles pas connaître en profondeur le sujet. Tu dis n’avoir pas toi-même allaité ou tenté d’allaiter. Loin de moi l’idée que seule une femme ayant vécu cette expérience est en droit de se prononcer sur le sujet. Mais alors d’où provient le « témoignage » suivant? Je cite: « Si elle a la chance d’être dans un hôpital « Ami des bébés », elle se fera alors manipuler les seins de toutes sortes de façon par les infirmières afin que le bébé ait la bonne prise. Celles-ci insisteront et jamais ne sera mentionné le fait qu’il est possible de ne pas allaiter. Et de retour chez elle, cette maman se retrouvera avec son enfant qui est accroché à son sein 1 heure aux 45 minutes et ne semble jamais rassasié. Elle sera épuisée, en douleur et l’enfant aussi.

    Je crois qu’un tel passage, clairement empreint de jugements de valeurs et de préjugés, n’a sa raison d’être qu’en tant que fait vécu. Si tu n’as pas vécu telle expérience, peut-être serait-il souhaitable que tu adopte une perspective plus « objective », et essaie de ne pas décrire une telle expérience de l’allaitement comme universelle ou répandue.

    Bref, un peu de précautions ne serait pas de trop pour traiter d’un sujet que déjà trop de personnes abordent sans vraiment s’y connaître.

    Pour finir, une question: « Et pourtant, d’autres options existent. L’allaitement mixte et le lait en canne peuvent rendre l’expérience beaucoup plus agréable et rendre à la mère les prérogatives sur son corps.  »

    Hum. Comment le lait en canne peut rendre à la mère les prérogatives sur son corps? Quelles prérogatives?

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  • Marie-Noelle
    6 novembre 2008

    « Confiner la femme a un unique rôle de Mère n’est pas cela que ça induit à terme? »

    Je ne suis pas certaine de bien comprendre cette dernière phrase, mais je veux être certaine qu’elle ne veut pas dire qu’allaiter c’est être confiner à un rôle unque de mère. C’est le milieu du travail, la société en général qui doit s’adapter aux femmes allaitantes, pas elles de rester confiner à la maison…

    Je continue à commenter, car je souhaite que d’autres poursuivent à le faire! La tension à ce sujet est palpable en général, mais souvent l’impression qu’on ne la nomme pas pour ne pas « blesser » encore plus les femmes qu’on culpabilise déjà assez! On préfère encore dire: « Ah! c’est son choix », sans aller voir ce qu’Il y a derrière… malinformation, manque de soutien, manque de confiance (miner par les dites 16 infirmières qui te disent quoi faire), peur d’être pogner avec son petit jour et nuit, un contexte de système de santé qui exigent tout des femmes (autant les usagères que les trvailleuses) sans les soutenir…

    Enfin.

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  • Éliane
    6 novembre 2008

    Escher,
    merci de ta critique constructive. Cela me permet de rajoutter de l’information que je n’avais pas inclus pour ne pas alourdir le texte.

    Sache que, bien que je n’aie pas allaiter moi-même, j’ai la chance d’avoir un magnifique filleul qu’une très bonne amie à moi à mit au monde. Quelques complications ont nécessités un séjour prolongé à l’hôpital. J’y ai passé beaucoup de temps dans cet hôpital ami des bébés. J’ai assisté à des séances d’allaitement supervisés par des infirmières. Ce n’était pas mes seins qui étaient ainsi manipulés, mais ceux de mon amie, devant mes yeux. J’ai trouvée cela difficile. Donc comme ce passage est maintenant un fait vécu, j’imagine qu’il a sa raison d’être.

    De plus, ma collègue, je donne le lien vers sont blogue dans mon article, m’a aussi raconté son expérience et son témoignage guide également cet article. Et en ouvrant la discussion avec bien des femmes de mon entourage qui ont eu des enfants dans les 3 dernières années, j’ai réalisé que l’expérience se répétait souvent. Une amie infirmière à également participée à ma réflxion.

    Aussi, peut-être que j’ai manquée d’habileté avec la langue française mais quand j’écrivais que « Et de retour chez elle, cette maman se retrouvera avec son enfant qui est accroché à son sein 1 heure aux 45 minutes et ne semble jamais rassasié »,cette maman est celle que je présente au début du paragraphe, celle qui a de la difficulté à allaiter. Je n’ai pas passée de temps sur les mamans qui allaitent facilement et pour qui c’est un bonheur et facilitateur, là n’était pas le sujet. Surtout que j’aimerais bien allaiter quand j’aurai mes enfants.

    Donc ce ne sont pas des préjugés et des jugements de valeurs qui guident mon écriture mais bien un sens critique et le désir de voir la multiplication des possibilités pour les femmes qui veulent ou ne veulent pas allaiter. Surtout le désir de donner une voie aux alternatives qui, comme le dit si bien Marie-Noelle, pourrait permettre aux femmes de finalement avoir une expérience positive.

    Je ne sais pas sur quoi tu te base pour dire que je ne semble pas connaître le sujet, mis-à-part le fait que je n’aie pas allaiter moi-même. Je t’invite donc également à ne pas faire preuve de préjugés devant le fait que je n’aie pas moi-même allaiter. Cela semble avoir biaisé ta lecture de l’article.

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  • Helene
    6 novembre 2008

    Je tiens à dire que mon expérience de l’allaitement en milieu hospitalier est telle que l’a décrite Éliane: manipulations multiples et désagréable, peu de suivi par la même personne, discours sur l’allaitement « au besoin » plutôt qu’aux horaires fixes, ce qui est un vrai piège si les mères oublient leurs propres besoins, retour à la maison pénible avec les infirmières qui évaluent plus qu’elles aident, etc.

    Néanmoins j’ai allaité mon bébé 13 mois et je recommande cette expérience aux femmes qui ont des enfants et la possibilité de les allaiter.

    Le problème c’est qu’il y a une notion de « vertu » associé à l’allaitement et de faiblesse ou d’égoisme associé au biberon dans certains milieux, particulièrement les milieux de la santé où les personnes nuancées sur la question sont assez rares et munies d’une solide expérience.
    Les professionnels de la santé donnent les mêmes recommandations pour tous les enfants, quelque soit leur appétit. Moi, mon garçon avait une très gros appétit, pas assez pour que je n’aie pas assez de lait – ce qui aurait rendu l’allaitement mixte nécessaire – mais suffisamment pour qu’il soit au sein au 2h-2h30 jusqu’à 4 mois, c’est-à-dire lorsque je lui ai donné de la nourriture solide, qu’il pleure souvent de faim. Si j’avais écouté tous ces professionnels de la santé et de l’allaitement, j’aurais dû attendre encore deux mois pour lui donner de la nourriture pour améliorer ses chances de ne pas développer d’allergies et de troubles digestifs…

    Le problème, c’est que dans le discours des professionnels de la santé, les droits et les besoins des enfants passent presque toujours avant ceux des mères et c’est en ce sens que l’allaitement peut devenir démesurément contraignant et peut signifier une dépossession de son propre corps, assimilé à une machine à produire ce dont l’enfant a physiologiquement besoin, sans tenir compte de la relation affective qui est tout aussi importante et se cultive dans un climat de bien-être et non de stress post-partum.

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  • mathieu
    6 novembre 2008

    Affirmer d’être objectif dans ses propositions, mais encore faut-il l’être à son tour! Depuis les années 1970 au Québec, un mouvement pour la santé des femmes s’est mis en place. Les revendications de ce mouvement touchent directement le débat sur l’allaitement : la démédicalisation du corps de la femme, la réappropriation du corps, et la multiplication des ressources autres que biomédicales en matière de santé. Est-il normal que le corps médical dicte les règles à suivre en matière d’allaitement? Qui a le pouvoir pour contester le monopole du savoir médical dont jouissent les infirmières et les médecins? Comment contester un processus naturel comme dit le slogan d’un manuel que les autorités donnent à la mère : «L’allaitement, c’est tout naturel!» Le corps de la femme est-il autre chose qu’une production d’une substance laitière dans l’expérience de l’allaitement pour le corps médical? Selon certaines études dont celle Virginia Hall, il semblerait que oui.
    La responsabilité individuelle, vraiment? Lorsque les autorités en matière de santé soulignent que si la mère allaite l’enfant ne développera pas certains cancers à l’âge adulte, qu’il sera plus intelligent, que son développement moteur sera plus rapide, il n’y a-t-il pas un processus de responsabilisation et de culpabilisation qui est mise en place?

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  • Karine
    7 novembre 2008

    Discussion super intéressante, je pense qu’il est essentiel de donner le choix aux femmes qui viennent d’accoucher, car il s’agit de leur corps. Plusieurs études prouvent que l’allaitement est meilleur pour les bébés, mais certaines mères ne peuvent subvenir aux besoins de leurs enfants, certains enfants ne veulent jamais sucer au sein et certaines mères doivent retourner au travail. Dans tous ces cas, l’allaitement maternel n’est pas la solution idéale. Félicitations à celles qui le pratique, mais félicitations à celles qui utilise d’autres méthodes pour nourrir leur bébé.

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  • escher
    7 novembre 2008

    Re- bonjour Éliane,

    Lorsque je disais que tu sembles ne pas connaître en profondeur le sujet dont tu parles, c’est que ta façon d’aborder le sujet me semble un peu insensible, biaisée et peu nuancée.

    Concrètement : tu parles d’un cas singulier (comme ressort de ton message du 6 nov.), mais en le présentant d’une façon qui fait croire que tu parles en général (relis le premier paragraphe de ton article si tu ne comprends pas ce que je veux dire).
    D’accord, l’objectivité est sûrement toute inatteignable, mais au moins essayons de tendre vers elle… ou bien affirmer d’emblée notre subjectivité, et de ce fait abandonner toutes prérogatives à généralisation.

    Personnellement, je crois que la solution du « problème » de la sensibilisation à l’allaitement ne se trouve pas en cachant les « faits prouvés scientifiquement » connus en faveur de l’allaitement (d’accord, la science a bien des limites, mais pour le moment on doit se baser sur les données qu’on a)… Autrement dit, si une recherche dit que les enfants nourris au sein ont un QI plus haut que ceux nourris au lait artificiel, ne pas divulguer cette donnée sous prétexte de ne pas vouloir culpabiliser les mères qui n’allaitent pas n’est pas une bonne idée.

    Je crois aussi qu’il y a une divergence entre le discours des autorités médicales (allaiter c’est ce qu’il y a de meilleur pour l’enfant et la mère) et les ressources mises à disposition des mères qui ont de la difficulté à allaiter. Par exemple, faire appel à une consultante en allaitement si on a des douleurs aux seins les premières semaines suivant l’accouchement est loin d’être évident, et ce n’est pas donné ni couvert par l’assurance maladie.

    Mathieu : Serait-il possible d’avoir la référence de l’article de Virginia Hall dont tu parles, ou du moins le titre? Merci!
    Bonne journée à tous!

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  • Éliane
    9 novembre 2008

    Oulala, alors là, je ne sais pas quoi dire, vraiment, je suis surprise. Je ne croyais par que l’on pouvait encore sérieusement, dans un milieu féministe, donner foie à des recherches qui se basent sur le QI. Il y a longtemps que l’on sait que le calcul du QI est très relatif. Relatif au milieu dans lequel il est fait, relatif à la culture et au milieu social de provenance de celui ou celle qui le fait. Avec le QI, on peut facilement affirmer que les noirs sont moins intelligents ou que les femmes sont moins intelligentes. Il en va de même pour plusieurs autres recherches. C’est notre devoir je crois de s’informer sur les méthodologies utilisés. La science est un outil de pouvoir et de contrôle social. Aujourd’hui comme avant. Et d’affirmer que le fait d’allaiter réduit la possibilité des enfants d’avoir le cancer se base sur des corrélations qui peuvent être discutées, et doivent, être discutées.

    L’objectivité doit être discuté, mais pas à propos d’un billet d’humeur sur un blogue. À propos de la science et de son pouvoir d’experts sur le monde social.

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  • mathieu
    10 novembre 2008

    Bonjour,
    Voici la référence de Virginia, il s’agit de sa thèse de doctorat : Hall-Ngom, Virginia. Représentations sociales de l’allaitement. UQÀM.
    Je suis en accord avec Éliane. Il faut faire attention aux conclusions des études biomédicales en matière d’allaitement. Si l’on revient sur la perspective féministe, la domination patriarcale a souvent trouvé des justifications à partir des assises biologiques. La grosseur du cerveau, les hormones, certains tests donnant le degré d’intelligence (la longueur du front, le poids du cerveau) ont tous servis à asseoir le pouvoir des hommes sur les femmes. Il faut que chaque femme redevienne la propriétaire de son propre corps. Il faut que les femmes puissent adopter la pratique d’allaitement sans logique de culpabilisation médicale.

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  • escher
    11 novembre 2008

    Mathieu: la thèse de Hall est introuvable sur le moteur de recherche de la bibliothèque de l’UQAM. Est-ce qu’elle est encore en train de l’écrire ou l’a elle déjà déposée?

    Éliane: Bien-sûr les mesures de QI sont influencées par de nombreux facteurs, dont la culture. J’avoue que cet exemple avec le QI était un brin provocateur. Mais ça reste un exemple. Tu peux le remplacer par une recherche quelconque concluant que le lait maternel est « meilleur » pour la santé du nourrisson que le lait artificiel.

    Je pense comme toi qu’il faut questionner la science et ses méthodologies, et ne pas la laisser devenir une religion.

    L’essentiel de mon propos est qu’il est assez malhonnête intellectuellement de vouloir ne pas divulguer les résultats d’une recherche pour « ne pas culpabiliser les mères qui n’allaitent pas ». On peut questionner les recherches, leurs méthodologie, etc. Mais encore, il faut le faire cas par cas, sérieusement, et ne pas se contenter de dire que « la science est un instrument de contrôle social » (ce qui peut être vrai, je suis d’accord avec toi).

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