La hausse des droits de scolarité, une menace à l’accès à l’éducation des femmes

À l’appel du mouvement étudiant, le mouvement féministe répond : « présent! ». Pour les femmes que nous représentons, la lutte étudiante contre la hausse des droits de scolarité relève d’un véritable enjeu de société. De par le monde, l’accès aux études pour les filles – de la petite enfance à l’université – a été identifié comme le moyen par excellence de favoriser l’atteinte d’une plus grande égalité entre les femmes et les hommes. Depuis la démocratisation de l’éducation avec le rapport Parent en 1964, les femmes sont entrées massivement à l’université. Cela leur a permis d’avoir un plus grand choix de carrière, d’augmenter leur salaire, de contribuer à façonner les savoirs et à défaire des préjugés, de participer en plus grand nombre aux débats de la sphère publique et d’augmenter leur autonomie économique.

C’est la société toute entière qui bénéficie aujourd’hui de la présence d’autant de femmes instruites. Il ne faut surtout pas arrêter maintenant alors que le travail commence à porter fruit. Surtout qu’avec les écarts salariaux qu’elles rencontrent, les femmes ont intérêt à étudier longtemps.

Or, cette augmentation des droits de scolarité aura un impact néfaste majeur sur l’accès à l’éducation postsecondaire. Les femmes gagnent toujours en moyenne 74% du salaire des hommes et le salaire moyen des femmes immigrantes est en deçà à 61% du salaire des hommes. En effet, elles font toujours partie de la population ayant le plus haut taux de chômage au Québec, soit 11.9%. Rajouter des obstacles à leur insertion socioprofessionnelle ne fera que contribuer au processus de paupérisation déjà enclenché. Malgré le fait que 49% des nouvelles arrivantes (depuis moins de 5 ans) possèdent un niveau de scolarité équivalent au baccalauréat, la plupart souffre du manque de reconnaissance de leur diplôme. Plusieurs doivent chercher à se requalifier. La hausse actuelle des droits de scolarité de 75% sur 5 ans risque de les décourager très fortement.

Les exemples des femmes affectées sont nombreux. L’étudiant « type » du réseau des Universités du Québec dans les régions est, en fait, une femme qui est mère et travailleuse étudiante à temps partiel. Celles et ceux qui étudient à temps partiels sont souvent les premier à abandonner leurs études suite à une hausse des frais. De plus, les étudiantes enceintes de 2e et 3e cycles, les agricultrices, les travailleuses saisonnières ne sont pas éligibles au Régime québécois d’assurance parentale.  Aujourd’hui, une génération de jeunes femmes vivant avec un handicap entre à l’université avec l’espoir de pouvoir agir pleinement comme citoyenne et comme travailleuse. La hausse des droits de scolarité pourrait les décourager. Pensons également aux défis financiers que la hausse représenterait pour les mères cheffes de famille monoparentale qui souhaitent retourner aux études ou qui veulent envoyer leurs enfants à l’université.

Augmenter les droit de scolarité, c’est refermer les portes d’emplois de qualité aux femmes, menacer leurs droits et perpétuer le cycle de la pauvreté. À la mémoire de Madeleine Parent, qui nous a quitté il y a quelques semaines et de sa lutte pour l’accès à l’éducation pour les personnes défavorisées et à l’accès à des emplois décents, nous demandons à la population de se mobiliser et de revendiquer, avec nous, une société plus juste et une éducation accessible à toutes et tous. Pour toutes les raisons indiquées dans cette lettre, nous demandons au gouvernement libéral, d’annuler la hausse des droits de scolarité annoncée.

 

Sont signataires de cette lettre :

Action travail des femmes
Alliance des femmes handicapées du Québec
Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine
Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrantes Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle
Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail
Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec
Fédération des femmes du Québec
Fédération du Québec pour le planning des naissances
Fédération des familles monoparentales et recomposées du Québec
Femmes du monde à Côte-des-Neiges
L’R des centres de femmes du Québec
Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel
Regroupement Naissance-Renaissance
Relais-femmes
Y des femmes de Montréal

 

 

1 Comment

  • Émilie G
    16 avril 2012

    Les médias ont tendance à passer sous silence le fait que les femmes seront les plus touchées par la hausse des frais de scolarité. (D’ailleurs ils ne mentionnent jamais tout ce qui touche au féministe)C’est pourquoi je vous encourage à poursuivre, et je vais faire passer cet article! Bravo! 🙂

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

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