Dialogues: Ikram Mercheri, de Babel

Dialogues est une série d’entretiens avec des nouvelles voix féministes de la blogosphère québécoise. Cette série inclura autant des blogues, des Tumblrs, des personnes écrivant sur différentes plateformes ou encore des personnes actives sur Twitter. 

Aujourd’hui, on dialogue avec Ikram Mercheri, du blogue collectif Babel sur Voir.ca

ikram

1) Comment décrirais-tu ta chronique dans Babel? D’où vient le titre de ce blogue collectif?

Le nom de Babel est le résultat d’un brainstorming intense et divertissant entre les autres blogueurs de Babel, Dorothée, Fadwa, Hamza et moi-même. Tous ensembles, nous voulions un nom qui illustre la diversité québécoise ainsi que la divergence des opinions. La tour de Babel puise ses origines bibliques dans le récit des hommes de la vallée de Sennar dont l’orgueil les avait poussés à construire une tour pour arriver à Dieu, avant que ce dernier ne décide d’interrompre leur projet en les condamnant a tous parler une langue différente.

2) Quels sont les sujets qui te passionnent, qui motivent ta pratique d’écriture?

En écriture, tout m’intéresse! Je ne pense pas qu’il y ait un sujet qui n’est pas intéressant, tout dépend du point de vue de l’auteur. Présentement, je suis en pleine phase d’apprentissage donc je ne me pose pas de limites. J’ai appris qu’il n’est pas toujours évident de mettre sous écrits ses opinions et qu’il faut faire très attention pour ne pas créer de polémiques inutilement. Les sujets dont j’éprouve le plus d’aisance à écrire par contre sont surtout le sport (je suis une fan finie de foot !), la politique et les droits des femmes. Finalement, la volonté de faire une différence dans un débat particulier et de fournir une voix qui est parfois manquante, celle de la diversité et de la jeunesse, me poussent à m’exprimer et à viser plus haut.

3) Quelle importance a le féminisme dans ta vie, tes projets, tes valeurs?

J’ai découvert le féminisme un peu tardivement, au cégep. Bien entendu j’avais entendu parler du mouvement, des suffragettes, de la révolution tranquille, mais je n’étais tout simplement pas assez convaincu de sa pertinence. La société nous donne cette impression trompeuse et enjôleuse que les droits des femmes sont acquis et que celles qui ont l’audace et l’effronterie de crier encore ne sont que des ingrates. Toutefois, les éléments récents de la politique internationale et québécoise m’ont fait réaliser à quel point cette vision est vertigineusement menaçante. On balaie d’un seul revers de la main les problèmes des femmes sous une couche de fond de teint, blush et mascara pour ensuite les forcer de sourire et de nous rassurer que tout vas bien, ce qui est complètement faux. Le féminisme sert en quelque sorte de levier pour les femmes pour les aider dans leurs combats pour l’équité. En étudiant le mouvement un peu plus dans sa profondeur, j’ai bien vite réalisé que les valeurs prônées par le féminisme se rapprochent considérablement de celles qui m’inspirent: la justice, l’équité, l’égalité des chances, la liberté d’expression ainsi que l’émancipation des femmes.

4) La blogosphère québécoise et/ou cyberféministe : qu’en penses-tu? Ses points forts, ses points faibles?

Pour être honnête, je trouve que la blogosphère québécoise est beaucoup trop homogène à mon avis. Au-delà de la présence des femmes, qui est beaucoup moindre que celle des hommes, notamment dans les couvertures politiques, économiques et sportives, je trouve que même les hommes ne sont pas très bien représentés. Les médias québécois n’affichent que très peu de diversité et projettent cette image d’une société hermétique et de  »souche » qui ne met pas en valeur les autres communautés présentes dans notre province. Cette homogénéité nuit grandement au dialogue, car les opinions représentés sont tous vu aux travers du même type de regard.

D’autre part, les quelques femmes qui la compose sont souvent relayés a des couvertures de sujets de moindre importance tel que les voyages, la mode, la vie de famille et la maison. Des sujets importants aux yeux de certains, certes, mais on remarque que les médias québécois sont trop peu nombreux et même frileux à vouloir confier les dossiers  »traditionnellement » masculins aux femmes. Les rares journalistes et blogueuses qui réussissent à se tailler une place malgré l’adversité, sont souvent attaqués de tous les fronts ce qui les rends moins enclines a traiter de sujets un peu plus sensibles ou houleux, ce qui d’après moi, nuit au message et a leur liberté d’expression.

5) Selon toi, quels sont les enjeux féministes primordiaux aujourd’hui?

La mondialisation récente du féminisme a permis au mouvement de se révolutionner et de permettre aux pays en voie de développement d’accorder une plus grande importance aux droits des femmes. Toutefois, depuis quelques temps, j’ai l’impression que le mouvement féminisme, dans le monde occidental, n’a plus de ligne directrice. La fragmentation du mouvement qui a mené a son essor et a sa diversification a aussi grandement divisé les féministe entre eux. Lors de ses débuts, le mouvement bénéficiait d’objectifs clairs :l’obtention du droit de vote, du droit de travailler, de porter ce que l’on veut, d’avoir accès à la pilule contraceptive et etc. Toutefois, une fois que cette liste d’objectifs fut plus ou moins atteint, les détracteurs de ce mouvement ont réussis a nous faire croire que le féminisme n’avait plus sa raison d’être car  »tous les problèmes furent résolus. »

Tant bien qu’aujourd’hui les féministes doivent encore justifier la pertinence du mouvement ce qui représente un recul non négligeable. L’enjeu premier serait donc d’unir le mouvement afin que les féministes cessent de se justifier et accordent leur temps sur des enjeux beaucoup plus importants actuellement tel que l’hypersexualisation de la femme, la représentation des femmes en politique et dans les conseils d’administrations et l’équité salariale.

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Ses liens

Twitter: @IkramMercheri

Sa page sur Babel: http://voir.ca/babel/auteur/ikrammecheri/

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