Quand j’écris sur mon blogue, c’est plus souvent qu’autrement pour parler de féminisme. Lorsque j’étais en Ukraine pour un échange jeunesse, je me posais plus de questions sur le nationalisme et le fascisme et ça m’avait inspiré un post. Si je décide d’écrire, c’est pour « mettre sur papier » et clarifier des idées ou des questionnements qui s’emmêlent dans ma tête. J’utilise aussi mon tumblr pour réagir à ce que je vois sur les médias sociaux ou à ce que j’entends autour de moi : des gens qui supportaient Gab Roy et son « humour », des gens qui croient que les féministes vont trop loin ou des gens qui sont aveugles quand il est temps de nommer un viol dans une production culturelle (Game Of Thrones, par exemple). Plus récemment, avec la vague de dénonciations – Ghomeshi, #AgressionNonDénoncée, les dénonciations de harcèlement sexuel et de violences sexuelles chez des blogueurs, professeurs, militants, anciens partenaires, proches et chroniqueurs reconnus – j’ai eu de la difficulté à dormir comme plusieurs autres femmes. Ma tête ne pouvait s’arrêter de penser à ça. J’avais le motton et des soucis qui refaisaient surface. En écrivant sur la culture du viol et mon expérience, j’espère pouvoir donner des arguments à d’autres et du coup cracher un peu le motton. Et même si souvent j’ai l’impression d’écrire dans le vide, je trouve ça important d’ajouter des écrits féministes sur le tas de l’internet!

Une fois qu’on développe une pensée critique féministe, c’est assez dur de s’en défaire. On est féministe parce que ça vient nous chercher dans nos tripes. Le communiste, lui, peut devenir bourgeois ou baby boomer. Quand on est femme, ou non conforme dans le genre, les violences quotidiennes ne finissent pas de s’accumuler. C’est ce qui fait que le féminisme, je le pense tout le temps : dans mes cours, ma sexualité, mes amitiés, mes relations amoureuses, le transport en commun, quand je regarde des films, quand je lis des livres ou quand une pub réussit à kidnapper mon attention. À force d’analyser beaucoup de choses au quotidien, ça peut créer une certaine frustration. Toutefois, c’est le sexisme ambiant qui nous fait violence tous les jours, pas le féminisme. La lunette féministe, elle, me donne du courage et la force de mes convictions. Elle ne m’empêche surtout pas de rire et d’avoir du plaisir. Elle m’a aussi rappelé comment les amitiés entre femmes sont importantes. Je suis donc féministe au quotidien, pour reprendre le thème du dernier numéro de la revue Féminétudes. C’est pourquoi je crois mes amies quand elles me disent qu’elles ont subi des violences sexuelles. C’est pourquoi je souhaite changer la honte et l’exclusion de camp, même si ça peut être difficile à faire concrètement dans nos cercles sociaux proches.

J’aime bien tumblr parce que c’est plus difficile d’y publier des commentaires et donc d’en recevoir des haineux. Je n’ai pas toujours envie d’argumenter avec la haine ou avec les « avocats du diable ». Disons, que j’ai assez donné dans des threads sur facebook!

C’est plutôt difficile à répondre comme question. Il y en aurait tellement à dire et j’en oublierais tellement parce que mon point de vue est aussi empreint de mes privilèges. J’ai l’impression que ce sont des enjeux qui existent depuis trop longtemps, mais en voici quelques uns : les violences sexuelles, le féminicide en cours des femmes autochtones au Canada et l’accès à l’avortement qui n’est toujours pas garanti à toutes les femmes au Canada (et même au Québec). Finalement, je rajouterais la toujours nécessaire prise de conscience que les différents systèmes d’oppression se renforcent mutuellement.